La bonne affaire ?

Du rumsteck en promotion à 8,50 €/kg le 16 janvier. Qui dit mieux ? Du veau à 8,20 € / kg un jour plus tard… Comment est-ce possible se demande l’éleveur breton médusé en découvrant de telles publicités. Brader à ce point l’alimentation n’est pas vertueux. Car, rien n’est jamais gratuit. Pour le coup, c’est essentiellement l’agriculteur qui paye la facture en « acceptant » une sous-rémunération que l’on peut comparer à une autre forme de prélèvement à la source. Alors quoi faire ? Sortir le chevalier blanc Égalim qui fera régner les bonnes pratiques commerciales ? Le 14 janvier, le sénateur Michel Raison employait une forme d’humour décalé pour traduire l’échec de la loi sur l’alimentation : « La loi Égalim déçoit car elle n’a pas d’effet. C’est faux : elle a déjà certains effets… néfastes. »

Et de se désoler que, pour certaines filières, « la loi s’est non pas traduite par une création de valeur mais par une destruction de valeur. »  Ironie des calendriers, deux jours après les conclusions du rapport d’information sénatorial sur Égalim, la grande braderie des viandes redoublait. Parions que les 3 dispositions adoptées par le Sénat pour corriger cette loi mal emmanchée n’auront que des effets à la marge. Le mal est ailleurs : depuis des décennies, le consommateur européen ne paye pas son alimentation au prix réel. Ce discount permanent a de multiples intérêts : la paix sociale est assurée en Europe ; mais surtout les actifs peuvent s’adonner à d’autres tâches car ils n’ont pas à se préoccuper du repas du lendemain. Et dans un monde où 90 % du PIB est généré par les services souvent très rentables pour les investisseurs, une règle semble s’imposer : « Il faut que tout change pour que rien ne change ».


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